- orfavrerie
- Orfavrerie, f. penac. Est proprement la facture en or ou argent massif, de l'artisan qui ouvre de tels metaux, prenant le nom par antonomasie du plus excellent d'iceux, qui est l'or comme dit Pindare au premier hymne des Olympies. Dont procedent ces mots, orfevre, orfaveriser, ou orfavriser, et orfavrisé, par le premier desquels le François signifie l'artisan qui besongne aussi bien en or comme argent. Et par les deux derniers, l'operation et l'ouvrage d'iceluy. Selon ce on dit les hocquetons des archers des gardes soit du corps du Roy, ou autres, estre orfavrisez d'or et d'argent, pour les papillotes d'argent, et dorées, dont le corps dudit hocqueton est diversifié et accommodé à la representation de la devise du Roy, et dont les bordures des collet, manches et tassetes sont faites. Selon ce aussi Nicole Gilles en la vie du Roy Jean, qui estoit prisonnier en Angleterre, parlant du Duc de Normandie fils aisné de France, escrit que le chapperon de luy estoit de Brunette noire orfaverisé d'or, c'est à dire, par préexcellence sus les chapperons du commun, papilloté d'or, ou surtissu d'or battu et martelé. Tous lesdits mots prennent origine et composition de ces deux Latins, Aurum et Faber. Le dernier signifiant tout ouvrier qui de matiere solide fait quelque ouvrage, et ce à cause de ce verbe Latin Facio, comme si par syncope on prononçoit au lieu de Faciber, Faber. Selon quoy les Latins diroyent Aurifaber, comme Aurifex, pour Faber aurarius, que le François par transposition dit Orfevre. Les François ont retenu la generalité du mot, en cestuy fabrication, quoy qu'ils en usent plus communéement pour la facture des navires et monnoyes, lequel ils applicquent par metaphore, et en mauvaise part en ces phrases, fabrication d'un contract, testament, tesmoings et semblables actes.
Thresor de la langue françoyse. Jean Nicot.